La pêche au pain.

Voici ma technique de prédilection. Je la pratique depuis deux ans, et j'en suis devenu complètement accroc.
Voir une carpe gober votre appat à moins de 2 mètres de vous pour ensuite démarrer comme une fusée : Adrénaline garantie.
La technique elle-même est relativement simple, mais là encore, le repérage et l'approche du poisson représente 90% du boulot.

J'ai souvent vu des carpes en surface, et à chaque fois que j'essayais de les pêcher, je rentrais bredouille. Que ce soit au fond, en surface, décollés du fond avec des bouillettes, des graines et un peu n'importe quoi, les poissons passez toujours à coté en narguant mon montage.
Un jour en me promenant, j'entendis un " Blurp " discret provenant de l'autre rive. Je sortis ma paire de jumelle, et un nouveau " Blurp " se produisit, en faisant disparaître le morceau de pain qui traînait à la surface. Dix minutes plus tard, j'étais posté en auteur par rapport au poste à " Blurp ".
Deux ou trois morceaux de pain flottaient encore, mais pas trop longtemps, puisqu'une carpe d'une dizaine de kilos les engloutit en un rien de temps. Pendant plusieurs jours, j'observa ce phénomène se reproduire, jusqu'au moment où je décida de tenter ma chance.
Les premières fois furent difficiles, je ne savais pas trop comment aborder la situation, puis quelques tests plus tard, j'ai abouti aux deux montages finaux que je décris un peu plus loin.

Cette technique est efficace avec les beaux jours, parfois juste pendant quelques semaines, alors soyez près. Je pratique cette pêche dans les lieux fréquentés par les canards, et surtout par les promeneurs qui donnent généreusement à manger à ces pauvres petits palmipèdes devenus obèses. Très souvent le week-end, il y a un fort surplus de pain qui atterrit dans ces lieux, ce pain fini par couler… s'il en a le temps ! ! !
Vous aussi, passez du temps pour repérer les postes à " Blurp ", c'est à dire les postes où les carpes montent très facilement sur du pain. Il s'agit souvent des berges battues par le vent, regroupant ainsi les morceaux de pains.
En fait, vous vous apercevrez qu'ils sont peu nombreux, et que ce sont toujours les mêmes d'année en année.

Un poste prometteur.

Une fois ces postes repérés, sortez les cannes.
Le choix du pain est important, il faut un pain avec beaucoup de mie, relativement taqué, et un peu rassi. Trop mou le pain flotte, et trop sec, il se brise dès qu'on le met sur l'hameçon. La mie de pain pétrie en une boullette peut être une solution, je l'utilise que si le pain ne veut vraiment pas tenir à l'hameçon, car celon moi c'est nettement moins efficace.

Le choix du pain est important.

La pêche en surface à proprement parlé, avec votre appât qui flotte ne représente que 5% du temps de pêche avec cette technique, non pas parce que les carpes ne montent pas volontiers, mais tout simplement parce qu'il y a beaucoup plus efficace.
En effet, un petit morceau de pain sous la surface, ou entre deux eaux sera pris beaucoup plus facilement.
En ce qui concerne l'approche du poste, pas besoin d'amorcer des jours à l'avance, la plupart du temps l'amorçage est gratuit et naturel (surtout dans les régions touristiques comme la mienne).
En revanche, soyez hyper discret, il faut parfois approcher les carpes à quelques mètres, alors faites le en douceur, et une fois sur le poste, faite la statue (évitez surtout les mouvements brusques, et les bruits de pas).
De même, des vétements discrets et sombres sont de rigueur.
Il suffit qu'une carpe vous repère, et tout le banc disparaît pour un bon moment.
Avant d'attaquer, préréglez votre frein pour qu'il soit très doux. Les carpes ainsi piquées démarrent comme des bombes, et une casse est vite arrivée, même sur des poissons de trois kilos. Comme vous pêchez prés du bord, les obstacles ne sont jamais loin.
Pêchez avec du nylon pour amortir plus facilement les chocs que vous encaisserez.
Utilisez un moulinet débrayable, car certains départs vous arrachent la canne des mains, et si le frein est bloqué, vous aurez beaucoup de mal à la retenir.

En ce qui concerne les montages, après bon nombre de tests voici les plus efficaces :

- Montage plombé : fixez un hameçon directement au corps de ligne qui doit être en nylon ; personnellement, je pêche en 35 centièmes, avec un hameçon Hayabusa European Boilie Hook numéro 1.

Hameçon directement fixé au corps de ligne.

Bref, je ne fais pas trop dans le discret, tout simplement parce que ça ne sert à rien. Pincez une chevrotine de 1gramme à 50 centimètres de l'hameçon, et utilisez du pain flottant, fixé directement à l'hameçon.

Pain fixé à l'hameçon.

La chevrotine fait couler le tout, et le pain se situe à 50 centimètres du fond. Tendez légèrement votre ligne, débrayez le moulinet, et attendez. Relevez votre ligne de temps en temps pour changer le pain, ou tout simplement en remettre, car s'il y a du petit poisson blanc, l'esche ne reste pas très longtemps, quelques secondes tout au plus. A la moindre tirée, pas d'hésitation, ferrage, mais pas trop puissant car n'oubliez pas que vous pêchez en général à quelques mètres.

- Montage flottant : le montage est le même que précédemment, à la différence que je remplace le plomb par un petit flotteur. J'utilise des petits flotteurs à truite, ceux qui s'enlèvent ou se mettent sans défaire la ligne.

Petit flotteur pour la truite.

Je règle le fond en fonction de la zone de tenue des poissons. Ici je pêche avec un morceau de pain fixé directement à l'hameçon. Le morceau de pain doit couler rien qu'avec le poids de l'hameçon. Le plus efficace est un morceau qui descend lentement... très lentement. La taille du flotteur doit juste être suffisante pour ne pas couler sous le poids de l'hameçon est de l'esche. Mais attention, contrairement au montage précédent qui procure de farouches départs, ici les touches sont très souvent minuscules, mais au moindre soubresaut du flotteur, ferrage, mais tout en doigté je vous pris…

Le montage flottant.

Que les âmes sensibles se rassurent, même en fixant directement l'esche sur l'hameçon, les carpes sont à 95% piquées sur les lèvres, et les décroches sont rares (la plupart du temps elles se produisent dans les premières secondes du combat).
Attention qu'en même lorsque les poissons sont piqués plus profondément, les muqueuses de la bouche sont assez fragiles.
Quand cela vous arrive, faites en sorte de bien bloquer le poisson (et en douceur) afin de pouvoir trifouiller dans sa bouche en toute sécurité.
Les poissons n'apprécient pas forcément, cela correspond un peu au fait d'aller chez le dentiste.

Anecdote :

Mi-mars 2002, je décide de rejoindre des amis qui pêchaient un lac où cette technique donne des bons résultats.
Mes collègues étaient là depuis le matin, et pêchaient plutôt bien, avec de bons appâts au bon endroit. Mais depuis le matin, pas un bip.
Ne pouvant pêcher que de 14 à 18 heures, je décide de tenter les carpes avec cette technique, en me déplaçant sur plusieurs postes. Les quelques jours précèdents ayant bien réchauffés l'eau, je me dis " pourquoi pas ? ? ".
J'attaque donc le premier poste, pas d'activité, et après 30 minutes, je décide de bouger. Je rejoins alors un poste qui donne bien en été avec cette technique, et toujours rien, pas de touche, pas d'activité.
Je me rends sur un troisième poste aux résultats plus aléatoires, mais la présence de quelques gardons montant sur mon amorçage constitué de quelques croûtons me fait penser que l'eau doit être un peu plus chaude dans ce secteur.
Je décide de pêcher à 50 centimètres du fond avec mon petit flotteur. Après une quinzaine de minutes, j'obtiens enfin une première petite touche me faisant plus penser à une brème qu'à une carpe. Je ferre qu'en même et s'en suit un joli combat avec une miroir magnifique.
Celle-ci accusera un poids de 14 kilos, plus qu'honorable pour ce lac (record à 15 Kg). J'insiste un peu, puis je décide de commencer à revenir sur mes pas.
Je stop un moment sur un poste où je n'avais jamais essayé cette technique auparavant, mais aujourd'hui je le sens bien.
Ma première tentative me procure une petite touche, et je ferre dans le vide.
Deuxième essai, encore une petite touche, je ferre et la surface du lac explose, je sors une commune de 8,5 Kg taillée en torpille.
Je remets le poisson à 50 mètres du poste, refais mon montage et retente le coup.
Dix secondes plus tard ma canne était pliée en deux. Toujours une commune dopée à je ne sais quoi, mais celle-ci fait 11,5 Kg.
Cette fois ci, je crois que les poissons ont fuits.
Je m'arrête sur un dernier poste, là encore vierge de cette technique.
Après dix minutes de pêche, et pendant que je défaisais une perruque sur mon moulinet, je sens quelques chose " toquer " sur le scion, puis encore.
Je vois alors mon flotteur qui traînait à quelques centimètres de la berge naviguer tout seul.
J'arrive à défaire ma perruque en quelques centièmes de seconde (pensez donc, ça motive!!).
Heureusement puisque le poisson c'est senti piqué est part comme une furie dans les roseaux.
Malheureusement, n'ayant pu ferrez comme d'habitude, le poisson se décrochera, il s'agissait d'une miroir d'une douzaine de kilos.
18 heures, je rejoins mes collègues, qui attendaient toujours un départ…